Les webradios de mon Papa
Hugo Oups
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La Grèce antique : « exposition » des enfants handicapés hors de l’espace social : ils mouraient ou étaient «utilisés» par des mendiants qui accentuaient le handicap pour mieux attirer la compassion. L’attitude devant le handicap était alors une attitude de fuite ou de fascination (comme celle suscitée par les aveugles souvent jugés comme ayant une communication privilégiée avec le divin).
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La culture hébraïque interdisait à l’individu souffrant d’infirmité de s’approcher des lieux de culte, sans pour autant l’exclure de la société.
Antiquité
Le Handicap et l'Histoire
Comment les personnes handicapées ont-elles été considérées et prises en charge au cours de l’Histoire ?
Voici un résumé, en 4 grandes périodes, de l'évolution du handicap à travers nos sociétés.
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L’individu infirme était le signe d’un envers du monde et faisait s’interroger les puissants sur les fondements de la société (voir rôle des bouffons in "Le sceptre et la marotte" de Maurice Lever). Les infirmes physiques ou mentaux pouvaient vivre au voisinage des rois et des princes. La société leur reconnaissait alors une fonction de dérision et eux seuls, en raison de leur difformité, se trouvaient autorisés à se moquer des souverains. Petit à petit, les fous n’ayant plus à la cour le monopole des bons mots et de la dérision, l’infirme rejoignit les suppôts de la société.
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A l’interprétation de l’infirmité comme signes divins succéda une période de rationalité. Les nations avaient besoin d’ordre et l’État avait besoin de force et de pouvoir indiscutés : on séparait et enfermait les infirmes. La raison et la déraison ne se mélangeaient plus et, dans le social, l’ordre et le désordre devaient être séparés. Peu nombreux jusqu’au XIème siècle, les hôpitaux allaient surtout se développer au XIIème et s’épanouir au XIIIème avec les hôtels-Dieu situés sur les itinéraires des pèlerins.
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Le XIIIème siècle vit naître une période de « philanthropie charitable » : notables et congrégations religieuses furent à l’origine de « regroupements ». A partir du XIVème, la peur prit le dessus sur cette « attitude charitable » et conduisit à la mise à l’écart, puis à l’enfermement des infirmes et pauvres d’esprit.
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Il faudra attendre les XVème et XVIème siècles pour voir s’ériger les premiers établissements qui furent des établissements religieux. Cependant cette initiative comportait encore un caractère ségrégatif : la société répond au besoin de s’occuper de la différence par l’enfermement.
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Au XVème siècle « la Cité ne supprime pas le marginal, elle le maintient à une distance sacrée » ( Michel Foucault).
Moyen-âge
L’époque contemporaine
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Au XIXème siècle apparurent des cliniques orthopédiques ► retour dans le monde du travail des infirmes physiques. A partir de la IIIème République se dégagèrent les conditions de la création d’un champ du handicap :
1. une loi votée en 1898 redonna une place économique et sociale aux accidentés victimes de l’ère industrielle qui abîmait et cassait grand nombre de citoyens ►responsabilité de la collectivité.
2. un grand nombre de mutilés de la guerre 14-18 ►responsabilité de la collectivité.
3. un grand nombre d’individus touchés par une maladie infectieuse (la tuberculose) due en partie aux conditions de revenus et d’hygiène ►responsabilité de la collectivité.
4. conséquences de la proclamation de la gratuité, laïcité et obligation de l’enseignement primaire par Jules Ferry (1832-1893), ministre de l’Instruction publique ►préoccupation de réintégrer ceux qui étaient écartés de cette instruction pour raison d’infirmité quelconque même si dans un premier temps les lois Ferry ne s’adressaient pas aux handicapés (ils n’étaient pas exclus de l’école : on n’en parlait pas).
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En 1790, le principe du devoir d’assistance par la Nation est affirmée pour la première fois devant l’Assemblée constituante. Dans les années qui vont suivre plusieurs lois seront votées dont la loi d’assistance aux vieillards, infirmes et incurables en 1905.
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Le temps des associations : A la suite de l’affaire Dreyfus, naquit la loi de 1901 sur les associations ( loi Waldeck Rousseau1809-1882). Cette loi fit obligation à tout groupe de personnes voulant se réunir, ayant des idées à défendre, de suivre un régime juridique : s’ouvre l’ère de la « philanthropie organisée ». Les associations représentant les personnes handicapées virent le jour et constituèrent un vecteur important de changement et de médiation.
Ainsi :
*en 1921 fut créée la Fédération des Mutilés du travail qui deviendra en 1985 la FNATH (Fédération Nationale des Accidents du Travail et des Handicapés).
*en 1925 fut créée la FISAF (Fédération pour l’Insertion des personnes sourdes et des personnes Aveugles enFrance). *en 1933 fut créée l’APF ( Association des Paralysés de France).
*en 1957 fut créée l’ADEPP (Association D’entraide des Polios et handicapés).
*en 1958 fut créée l’AFM (Association Française contre les Myopathies).
*en 1960 fut créée l’UNAPEI (Union Nationale des Parents d’Enfants Inadaptés).
L’essor des établissements pour personnes handicapées fut pris en charge par les associations dites gestionnaires (les espaces spécialisés qui accueillent alors les personnes handicapées sont aussi des espaces de droits spécifiques). Les associations de défense des usagers décrivent l’environnement (architecture, économie, culture) comme inadapté à la personne humaine et à la représentation de toutes ses différences. La société doit alors devenir un espace où toutes les différences trouvent leur place ( défi que lance en conclusion Henri-Jacques Stiker) pour répondre à la nécessité intime de chaque individu (« L’individu est essentiellement social. Il l’est non par suite de contingences extérieures, mais par suite d’une nécessité intime », H. Wallon, 1946).
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Dans les années 70, Wood (1975) et Bury (1979) ont substitué au modèle médical (maladie, traitement, guérison) un modèle mieux adapté pour préciser la notion de handicap. Les éléments constitutifs ainsi dégagés permettaient d’aboutir à une nomenclature (arrêté du 09.01.89) qui proposait de décrire le handicap selon 3 axes :
1. les déficiences 2. les incapacités 3. les désavantages
Dans ces conditions le déficit n’était plus effectivement une caractéristique négative du sujet mais un obstacle à une bonne relation avec un milieu naturel et humain inadéquat.
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Notre époque contemporaine vit s’ouvrir la période du droit pour les personnes handicapées. Le premier grand dispositif législatif en France date de 1975 avec la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées, loi qui spécifiait déjà l’importance de la prévention et du dépistage des handicaps, l’obligation éducative pour les jeunes handicapés, l’accessibilité des institutions publiques, le maintien dans un cadre ordinaire de travail et de vie chaque fois que possible.
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30 ans plus tard, le handicap étant devenu grand chantier national, apparut la loi du 11 février 2005 :
« Art. L. 114. - Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. ».
Les innovations de cette loi :
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La Commission des Droits et de l’Autonomie est depuis le 1er janvier 2006 l’instance qui fusionne les compétences de la COTOREP (pour les adultes) et de la CDES (pour les jeunes de 0 à 20 ans), ces deux dernières structures n’existant plus.
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Le versement d’une prestation de compensation qui puisse garantir aux personnes handicapées le libre choix de leur projet de vie.
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La participation effective des personnes handicapées à la vie sociale en favorisant leur accessibilité aux transports, au logement mais aussi à l’emploi et à l’enseignement supérieur ou professionnel.
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La volonté de placer la personne handicapée au cœur du dispositif la concernant.
On peut d’ores et déjà dresser un bilan sur les applications de cette loi.
Les temps modernes
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Avec le XVIIIème siècle on cherchait à ramener dans la normalité une infirmité prétexte à division sociale et représentative d’une menace interne au monde.
-Diderot (1713-1784), un des plus ardents propagateurs des idées philosophiques de ce siècle écrivit des essais prouvant à montrer l’égalité des esprits pourvu qu’on leur consacrât suffisamment d’instruction et d’éducation.
Le retour de la personne infirme dans la société prit son essor à cette époque avec :
-Valentin Haüy (1745-1822) né à Saint-Just (Picardie) qui fonda l’institution des jeunes aveugles et imagina des caractères en relief pour permettre à ces jeunes de lire.
-l'Abbé de l'Épée (1712-1789), né à Versailles, qui fonda une école pour les sourds-muets auxquels il apprit à se faire comprendre avec l’invention de signes méthodiques (vers 1710 à Amiens, un sourd de naissance, Étienne de Fay dit « le vieux sourd d’Amiens », professeur, architecte et dessinateur faisait déjà l’école en gestes à des enfants sourds dans l’abbaye Saint Jean).
-Philippe Pinel (1745-1826) inventa la psychiatrie et substitua des traitements en douceur aux violences dont les aliénés étaient jusqu’alors victimes : les « fous »sont désormais perçus comme curables.